Cet été, j’ai observé que mes followers chutaient de plus en plus. Parfois une petite dizaine arrivait puis repartait ni vu ni connu…
Au début, je ne peux que l’avouer, j’étais assez angoissée puisqu’à ce moment là le nombre, le chiffre, les stats comptaient beaucoup. Il m’est arrivé plusieurs fois d’en pleurer et de ressentir de la colère contre moi-même, je me sentais nulle, j’avais l’impression de faire du contenu de qualité médiocre et je n’avais pas la possibilité d’en parler à mes proches puisqu’ils ne sont absolument dans la sphère des réseaux et n’auraient absolument pas compris. « C’est très superficielle ton affaire là » : Ce qui n’est pas faux dans la forme mais quand on est blogueuse et qu’on travaille comme une folle pour faire des articles qualitatifs et agréables à lire, Instagram permet une vraie visibilité.
Mais à quel moment les followers ont mit les voiles ?
Cet été, j’ai pris une bonne grosse claque dans la tête comme vous le savez si vous me suivez sur les réseaux. L’on a enfin mit un nom sur des douleurs physiques et morales extrêmes que j’avais depuis des années et c’est à ce moment là que j’ai eu comme un déclic au delà de mon monde de blogueuse. J’ai pris la décision d’être moi au delà de ce qui pouvait plaire ou non aux autres, au delà des dictats.
Je me suis posée profondément les questions suivantes :
- Est-ce que ces photos certes très Instagramables avec des légendes très bad girl en anglais déjà vu partout (mais qui marchaient très bien : environ 500 likes/photos), est-ce que l’image que je faisais passer reflétait ce que je veux faire passer comme message ?
- Est-ce que la boule dans le ventre après avoir posté une photo n’était pas un signe du corps qui me criait « eh oh Jeanne, t’es à côté de toi là ! » ?
A partir de fin Août, j’ai commencé à poster des photos avec du sens grâce à des légendes longues et laissant apparaitre mes valeurs dans le travail, la vie perso, les relations humaines etc. J’ai arrêté les stories avec des filtres lissants où je ressemblais à une poupée et là, dégringolade les likes et des abonnements.
Pour une raison, que je comprends petit à petit : l’humain est souvent attiré par ce qu’il n’a pas, la beauté irréaliste, l’argent à tout prix, l’inaccessibilité sur n’importe quel sujet. C’est là où est tout le problème du féminisme actuellement sur les réseaux : Une partie se bat avec une force et des convictions profondément ancrées et ont décidé de ne plus suivre les comptes de femmes qui elles-même prônent le corps retouché, la beauté d’une seule silhouette, l’hypersexualisation. Puisque attention, le corps dénudé n’est pas sexualisable (c’est pas très français mais vous comprendrez) seulement beaucoup de femmes s’engouffrent dans la brèche opposée sans même s’en rendre compte en sexualisant un maximum leur corps quitte à mettre des légendes les mettant en avant comme des objets.
L’utilisateur de base d’Instagram aime les photos de corps et on ne peut pas en vouloir puisque la société a fait du corps une chose qui doit être visuellement et esthétiquement « beau » avec des idées préconçues en fonction des pays.
Cet été, j’ai décidé de ne plus poster de photos où je me disais : « ça ça va faire du likes » parce que j’étais en maillot à la plage par exemple. Je me suis mise à poster des photos que je décidais avec intégrité et fierté de vous partager et cela compte également pour les shootings magnifiques que j’ai pu faire avec Sally, ou Emma où l’on me voit en Jean sans haut et qu’est-ce que je les aimes. J’aime la sensualité, l’acceptation du corps petit à petit, la douceur qu’elles dégagent. Et bien-sur la légende va avec.
Vous savez quoi ? Ce ne sont plus ces photos qui sont le plus aimées sur mon compte puisque j’en suis venue à trier mes abonnés, dès que je reçois un message qui me semble déplacé, sans argumentaire, méchant, je supprime le follower et je me fiche que mon chiffre n’augmente pas beaucoup à cause de ça. Je ne suis plus là pour compter, pour chiffrer, c’est une source de stress tellement malsaine qui met une barrière entre vous et moi. J’ai la chance de recevoir une 100e de messages par jour quand je parle d’un sujet qui touche ou juste des messages de soutien, de lumière… que je n’avais pas avant cet été.
Et puis BIM, en plus du bouleversement de mon compte, on peut aussi parler de l’algorithme instagram : INCOMPREHENSIBLE
Vous savez ce qu’on doit faire pour renverser la vapeur ?
Poster 5 fois par jour, aller commenter sur plein de comptes, faire pleins de stories…etc. Je ne sais pas faire ça, je ne sais pas faire semblant… Commenter pleins de comptes je l’ai fait au début et c’était hyper gênant, tu ne sais pas quoi dire puisque ce n’est pas naturel. La seule chose qui m’embête c’est qu’avec cet algorithme, ceux qui me suivent ne voient pas toutes mes créations (…)
La course n’est plus de mise je trouve au vu de toutes les personnes qui font des créations, posts merveilleux… Vous ne trouvez pas ?
Je crois aux petits comptes qui traitent de sujets qui les passionnent !
Alors, s’il vous plait renoncez aux chiffres. Soyez en accord avec vous même, c’est bien plus reposant.
J.